La prématurité en Afrique : un défi majeur pour la santé maternelle et infantile.

La prématurité est un phénomène qui touche environ 8% des naissances dans le monde, soit plus de 13 millions de bébés par an. Il s’agit d’une naissance qui survient avant la fin du huitième mois de grossesse, soit avant 37 semaines d’aménorrhée (SA). La prématurité peut avoir des conséquences importantes sur la santé et le développement de l’enfant, mais aussi sur le vécu des parents.


L’Afrique est la région la plus touchée par la prématurité, avec plus de 60% des naissances prématurées qui surviennent en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Huit pays du continent font partie des 10 nations qui détiennent les taux de naissances prématurées les plus élevés pour 100 naissances vivantes, entre 13 et 16%2. La prématurité est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique, et représente près de 900 000 décès par an.


Quelles sont les causes, les complications et les moyens de prévention de la prématurité en Afrique ? Comment améliorer la prise en charge des bébés prématurés et réduire les inégalités de survie entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé ? Cet article vous propose un éclairage sur ces questions.


Les causes de la prématurité


Les causes de la prématurité sont multiples et souvent difficiles à identifier. La plupart des naissances prématurées se produisent spontanément, sans raison apparente. D’autres sont dues à des problèmes de santé de la mère ou du fœtus, qui nécessitent un déclenchement précoce du travail ou une césarienne. Parmi les facteurs de risque de la prématurité, on peut citer :

  • Les grossesses multiples, qui augmentent le risque de naissance prématurée de 50% pour les jumeaux et de 90% pour les triplés.
  • Les infections maternelles, comme le paludisme, le VIH, la syphilis, les infections urinaires ou les infections génitales, qui peuvent provoquer une rupture prématurée des membranes, une inflammation du placenta ou une septicémie.
  • Les maladies chroniques de la mère, comme le diabète, l’hypertension, l’anémie, l’obésité ou les malformations utérines, qui peuvent entraîner des complications placentaires, une prééclampsie ou un retard de croissance intra-utérin.
  • Les facteurs socioéconomiques, comme la pauvreté, le manque d’accès aux soins prénataux, le stress, la violence, le tabagisme, la consommation d’alcool ou de drogues, qui peuvent affecter la santé maternelle et fœtale.
  • Les facteurs génétiques ou environnementaux, comme l’âge maternel (moins de 18 ans ou plus de 35 ans), l’espacement des grossesses (moins de 6 mois ou plus de 5 ans), l’exposition à la pollution ou aux pesticides, qui peuvent influencer le déroulement de la grossesse.


Les complications de la prématurité en Afrique


Les bébés prématurés sont plus vulnérables aux infections, aux hémorragies, aux problèmes respiratoires, aux troubles métaboliques, aux anomalies congénitales ou aux traumatismes obstétricaux. Leur survie et leur développement dépendent de la qualité des soins qu’ils reçoivent à la naissance et pendant les premières semaines de vie.


Les complications de la prématurité sont responsables de près d’un tiers des décès néonatals (dans les 28 premiers jours de vie) et de près d’un quart des décès d’enfants de moins de cinq ans en Afrique. Les principales causes de mortalité des bébés prématurés sont :

  • La détresse respiratoire, due à l’immaturité des poumons, qui empêche le bébé de respirer normalement. Elle peut être traitée par l’administration de surfactant (une substance qui facilite le passage de l’air dans les alvéoles pulmonaires) et par la ventilation assistée.
  • L’infection néonatale, due à la fragilité du système immunitaire, qui expose le bébé à des bactéries, des virus ou des champignons. Elle peut être prévenue par l’hygiène, l’allaitement maternel et la vaccination, et traitée par des antibiotiques ou des antifongiques.
  • L’hémorragie intraventriculaire, due à la fragilité des vaisseaux sanguins du cerveau, qui provoque des saignements dans les ventricules cérébraux. Elle peut être détectée par une échographie et traitée par des transfusions sanguines ou des médicaments.
  • L’entérocolite nécrosante, due à l’immaturité du tube digestif, qui entraîne une inflammation et une nécrose de l’intestin. Elle peut être prévenue par l’allaitement maternel et traitée par des antibiotiques ou une chirurgie.
  • Le retard de croissance, dû à une alimentation insuffisante ou inadaptée, qui affecte le poids, la taille et le périmètre crânien du bébé. Il peut être prévenu par une nutrition optimale et traité par une supplémentation en calories, en protéines, en vitamines et en minéraux.


Les bébés prématurés qui survivent peuvent présenter des séquelles à long terme, comme des troubles du développement neurologique, des déficits sensoriels (surdité, cécité), des troubles de l’apprentissage, des troubles du comportement ou des maladies chroniques (asthme, diabète, hypertension).


Les moyens de prévention et de prise en charge de la prématurité en Afrique


La prévention et la prise en charge de la prématurité en Afrique nécessitent une approche globale, qui implique les autorités sanitaires, les professionnels de santé, les familles et les communautés. Parmi les interventions efficaces et rentables, on peut citer :

  • La promotion de la santé maternelle, par l’amélioration de l’accès aux soins prénataux, à la planification familiale, à la prévention et au traitement des infections et des maladies chroniques, à la supplémentation en fer et en acide folique, à la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme et la toxicomanie, à la protection contre la violence et le stress.
  • La prévention du travail prématuré, par le dépistage et le traitement des infections génitales, la prescription de tocolytiques (médicaments qui inhibent les contractions utérines) en cas de menace d’accouchement prématuré, l’administration de corticoïdes (médicaments qui accélèrent la maturation des poumons fœtaux) en cas de risque élevé de prématurité, la limitation des déclenchements et des césariennes non médicalement justifiés.
  • La prise en charge des bébés prématurés, par l’amélioration de la qualité des soins néonatals, l’utilisation de la méthode kangourou (qui consiste à maintenir le bébé en peau à peau avec la mère ou le père), le soutien à l’allaitement maternel exclusif, la prévention et le traitement des complications, le suivi du développement et de la croissance, l’implication des parents et des soignants dans les soins.


La mise en œuvre de ces interventions nécessite des efforts de sensibilisation, de formation, de financement, de supervision et d’évaluation. Elle implique également une collaboration entre les différents niveaux de soins, du domicile au centre de référence, et entre les différents acteurs, du secteur public au secteur privé, en passant par les organisations non gouvernementales et les associations de parents.

Quelques pays en Afrique les plus touchés par les naissances prématurées

Les pays africains les plus touchés par la prématurité sont les suivants:

  • Le Malawi, avec un taux de naissances prématurées de 16,5% pour 100 naissances vivantes en 2020.
  • La Guinée équatoriale, avec un taux de 16,3% en 2020.
  • Le Comores, avec un taux de 16,1% en 2020.
  • Le Mozambique, avec un taux de 15,5% en 2020.
  • Le Gabon, avec un taux de 14,6% en 2020.
  • La Mauritanie, avec un taux de 14,4% en 2020.
  • Le Congo, avec un taux de 14,1% en 2020.
  • Le Zimbabwe, avec un taux de 13,8% en 2020.
  • La République démocratique du Congo, avec un taux de 13,7% en 2020 et un nombre estimé de 341 400 naissances prématurées en 2019.
  • L’Afrique du Sud, avec un taux de 13,6% en 2020.

Ces pays font partie des 10 nations qui détiennent les taux de naissances prématurées les plus élevés au monde². La prématurité est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique, et représente près de 900 000 décès par an.


La prématurité est un problème de santé publique majeur en Afrique, qui affecte la survie et le développement de millions d’enfants chaque année. Elle représente un défi pour les systèmes de santé, qui doivent garantir une prévention et une prise en charge adaptées aux besoins des maternités.

Journée mondiale de la prématurité, 17 novembre.

Elsa CHEPING.

Sources :
(1) Naissances prématurées – World Health Organization (WHO). https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/preterm-birth.
(2) Prématurité : un vrai problème de santé publique en Afrique. https://www.allodocteurs.africa/prematurite-un-vrai-probleme-de-sante-publique-en-afrique-4742.html.
(3) Prématurité: pas de progrès notable dans le monde depuis une … – RFI. https://www.rfi.fr/fr/science/20230511-pr%C3%A9maturit%C3%A9-pas-de-progr%C3%A8s-notable-dans-le-monde-depuis-une-d%C3%A9cennie.
(4) J M de la prématurité : RDC compté parmi les 10 pays … – Lemag. https://www.lemag.cd/index.php/sante/2022/11/17/j-m-de-la-prematurite-rdc-compte-parmi-les-10-pays-possedant-les-taux-les-plus.

Posted by Yoheda

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