« HEALTH SECURITY ACCOUNTABILITY » : UN PROJET POUR RENFORCER LA SECURITE SANITAIRE ET L’EQUITE VACCINALE AU CAMEROUN

Le Cameroun est confronté à de nombreux défis sanitaires, qui affectent la qualité de vie et le développement du pays. Parmi ces défis, on peut citer les maladies transmissibles, les épidémies et l’iniquité vaccinale. Ces problèmes sont liés à la faiblesse des systèmes de santé, au manque de ressources financières et à la mauvaise gouvernance du secteur. Pour y faire face, le projet “Health Security Accountability”, porté par les organisations Actions for Development and Empowerment (ADE), Positive Generation (PG) et Africa Health Budget Network (AHBN), propose de renforcer la responsabilité financière en matière de sécurité sanitaire, en mobilisant davantage les ressources nationales et en favorisant l’accès équitable aux vaccins. Ces acteurs de la société civile comptent mener des actions de plaidoyer et de sensibilisation auprès des décideurs et du grand public.

La sécurité sanitaire désigne la capacité d’un pays à prévenir, détecter et répondre aux menaces sanitaires, qu’elles soient naturelles, accidentelles ou intentionnelles. Elle implique de disposer de systèmes de surveillance et de réponse efficaces, de capacités de laboratoire et de diagnostic, de plans d’urgence et de coordination, ainsi que de mesures de prévention et de contrôle des infections. La sécurité sanitaire est essentielle pour protéger la santé des populations, mais aussi pour préserver la stabilité, l’économie et l’environnement du pays.

L’équité vaccinale quant à elle, désigne le principe selon lequel toutes les personnes doivent avoir un accès égal aux vaccins, quels que soient leur lieu de résidence, leur niveau de revenu, leur âge, leur sexe ou leur appartenance ethnique. Les vaccins sont des outils puissants pour prévenir les maladies évitables, réduire la mortalité et la morbidité, et améliorer la qualité de vie. L’équité vaccinale est donc un droit humain fondamental, mais aussi un moyen d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), qui visent à éliminer la pauvreté, à promouvoir le bien-être et à protéger la planète.

Sécurité sanitaire – Éboulement de terrain à Mbankolo, Yaoundé, Cameroun, Octobre 2023.

Au Cameroun, la sécurité sanitaire et l’équité vaccinale sont loin d’être assurées. Le pays se situe au 14e rang mondial pour le taux d’espérance de vie, et la charge de morbidité reste élevée et dominée par les maladies transmissibles. Le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose représentent environ 23,7 % de la morbidité totale et 25 % des décès. Ces dernières années, le Cameroun a connu de nombreuses épidémies, les plus récentes sont celles de la rougeole (2015, 2019) et du choléra (2011, 2014, 2020). Malgré la vulnérabilité du pays aux épidémies, en particulier dans l’Extrême-Nord, le renforcement des systèmes de surveillance et de réponse aux maladies transmissibles n’a fait l’objet que d’un investissement minime. Bien plus, le Cameroun se situe à 115/195 sur l’indice de sécurité sanitaire mondiale (GHSI) avec un score global de 34,44. En outre, l’évaluation externe conjointe la plus récente, soutenue par l’OMS en 2017 en matière de la préparation et de la réponse aux urgences, la biosécurité… Le même document parle aussi de la faible disponibilité des équipements, aveu d’un déficit de financement.  

Pourtant, à travers la Déclaration d’Abuja (2001) le Cameroun s’est engagé à octroyer au moins 15% du budget de l’Etat à la santé. Une action qui tarde à être implémentée car celui-ci oscille plutôt entre 3,7 et 7,07%. Atteignant son plus bas niveau, soit 3,7% en 2022. Conséquences d’une faible mobilisation des ressources locales et implication des autres entités gouvernementales à l’instar des collectivités territoriales décentralisées (CTD). Ceci en dépit du potentiel local et national largement suffisants pour mobiliser des ressources substantielles pour financer ses programmes de santé et garantir un accès aux soins et services de santé de manière générale et l’équité vaccinale plus spécifiquement. Comme l’affirment les Nations unies, l’iniquité vaccinale a un impact sur le redressement socio-économique des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et entrave les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD). Lorsqu’il y a un déséquilibre dans la distribution des vaccins au niveau mondial, ce sont les pays en développement comme le Cameroun qui en font les frais. Les dirigeants mondiaux et les institutions doivent accorder une priorité à l’équité vaccinale et veiller que personne ne soit laissé pour compte dans la distribution des vaccins.

Face à ce constat alarmant, le projet “HealthSecurity Accountability” a été lancé pour contribuer à améliorer la responsabilité financière en matière de sécurité sanitaire à travers la mobilisation des ressources nationales et à l’accès équitable aux vaccins. Ce projet vise à mener des actions de plaidoyer en direction des décideurs afin qu’ils augmentent le budget alloué à la santé et qu’ils assurent une meilleure offre en matière de sécurité sanitaire. Il vise également à accroître la visibilité médiatique sur les défis liés à la responsabilité financière en matière de sécurité sanitaire par le biais du journalisme d’investigation et de la multiplication d’articles publiés et diffusés dans les médias.

Le projet “Health Security Accountability” qui s’étend du 1er août 2023 au 1er janvier 2025 (18 mois), espère ainsi sensibiliser les acteurs clés sur l’importance de renforcer la sécurité sanitaire et l’accès équitable aux vaccins au Cameroun. Il s’agit d’un enjeu majeur pour protéger la population et pour favoriser le développement durable du pays.

Elsa CHEPING.

Posted by Yoheda

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *