À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer du sein, cet article propose une revue des fausses informations, des idées reçues et des préjugés entourant cette maladie, et qui ont des conséquences socio-sanitaires néfastes pour les personnes atteintes.
Chaque année, le 19 octobre, le monde célèbre la Journée mondiale de lutte contre le cancer du sein. Le mois d’octobre est dédié mondialement au cancer du sein afin de souligner l’importance du dépistage de cette maladie, sous l’appellation d’octobre rose.
Pour cette fiche d’informations, nous revenons sur les différents sujets que nous avons vérifié sur le cancer du sein. Pour avoir les autres articles vérifiés par des confrères, nous avons fait une recherche par mot-clé (cancer du sein) sur Google Fact Check Explorer.
1 « La succion des seins protège contre le cancer ».
Faux : la succion des seins ne protège pas contre le cancer du sein
Un article de YOHEDA publié en novembre 2022 aborde une affirmation controversée liée à la prévention du cancer du sein, qui a circulé lors de la campagne “Octobre rose”. Une affiche a suggéré que la succion des seins par un partenaire pourrait protéger contre le cancer, mais cette assertion a été largement discréditée par des experts en oncologie et gynécologie. Les spécialistes, comme le Pr Esther Meka, soulignent que seul l’allaitement maternel a des effets protecteurs significatifs contre le cancer du sein. L’allaitement réduit le risque de cancer en modifiant la structure des seins et en diminuant l’exposition aux hormones. Les médecins cités, y compris le Dr Anthony Mbarga et le Dr Etienne Atangana, confirment qu’il n’existe aucune preuve scientifique soutenant l’idée que la succion par un partenaire offre une protection. Ils recommandent plutôt de se concentrer sur le dépistage précoce, notamment par l’autopalpation. L’article conclut qu’aucune recherche ne valide la succion comme méthode préventive, mais souligne l’importance de l’allaitement maternel et du dépistage régulier pour réduire le risque de cancer du sein.
2 « Africa Cancer Foundation prend gratuitement en charge les malades du cancer de sein ».
Faux : l’Africa Cancer Foundation ne prend pas gratuitement en charge les malades du cancer du sein
Yoheda health solutions dans un article publié en février 2024 traite d’une fausse information largement diffusée sur les réseaux sociaux concernant la prise en charge gratuite des femmes atteintes de cancer du sein par l’Africa Cancer Foundation. Ce message, qui invitait les femmes à s’enregistrer pour bénéficier de soins gratuits, s’est avéré être obsolète et inexact.
3 « Le déodorant peut donner le cancer du sein ».
Faux, mettre du déodorant n’augmente pas les risques de cancers du sein
Une publication de la Fondation recherche médicale montre que les études sur les sels d’aluminium dans les déodorants n’établissent pas de lien clair avec le cancer du sein. L’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) ne considère pas ces produits comme cancérogènes.
4 « Porter des soutiens à armatures augmente le risque de cancer du sein ».
Il n’existe aucune preuve scientifique que le soutien-gorge à armatures cause le cancer du sein
L’article de 20 minutes publié en 2019 traite d’une affirmation selon laquelle les soutiens-gorge à armatures seraient responsables du cancer du sein. Un site prétend vendre un soutien-gorge qui « protège » du cancer, en s’appuyant sur une étude de 2009 qui n’existe pas. Les experts, notamment la Société canadienne du cancer, déclarent qu’il n’y a aucune preuve scientifique liant les soutiens-gorge à armatures au cancer du sein. L’article met en garde contre le marketing de la peur et souligne l’importance de se méfier des informations non vérifiées sur la santé.
5 « Le jus de carotte guérit le cancer du sein ».
Non, le jus de carotte ne soigne pas le cancer du sein
Un article de l’AFP aborde une publication virale en Côte d’Ivoire affirmant que le jus de carotte peut guérir le cancer du sein. Plusieurs oncologues, contactés par l’AFP, ont démenti cette affirmation, précisant qu’elle n’a aucun fondement scientifique. Le jus de carotte, bien qu’il soit nutritif, ne remplace pas les traitements reconnus comme la radiothérapie et la chirurgie. L’article souligne la dangerosité de ces idées fausses, surtout dans un contexte où le cancer du sein est un problème de santé publique en Côte d’Ivoire, avec des coûts de soins souvent prohibitifs. Des experts mettent en garde contre l’automédication et encouragent le dépistage précoce, crucial pour augmenter les chances de guérison.
6 « Les feuilles d’aubergines sauvages soignent le cancer du sein ».
Faux, les feuilles d’aubergines sauvages soignent le cancer du sein
L’article de l’AFP publié en 2019, met en lumière une affirmation circulant sur les réseaux sociaux selon laquelle l’infusion de feuilles d’aubergines sauvages pourrait guérir le cancer du sein. Cette publication, partagée plus de 22 000 fois, promet une amélioration en deux semaines. Cependant, plusieurs experts et médecins, contactés par l’AFP, soulignent que cette “recette miracle” n’a ni fondement scientifique ni approbation en tant que traitement. Le professeur Xavier Coumoul, toxicologue, avertit des dangers potentiels de certains légumes, tandis que le chirurgien-cancérologue Ambroise Ntama rappelle que le cancer du sein nécessite un traitement médical rigoureux, impliquant une approche pluridisciplinaire incluant chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. Le Dr Marian Gutowski ajoute que des protocoles éprouvés existent pour augmenter les chances de survie.
7 « le gombo tue 72 % des cellules du cancer du sein».
Faux, le gombo tue 72 % des cellules du cancer du sein
L’article d’AfricaCheck publié en 2017 aborde une affirmation largement répandue selon laquelle le gombo pourrait “tuer 72% des cellules du cancer du sein”. Bien que le gombo soit un légume nutritif, riche en fibres et en antioxydants, les experts consultés, dont le cancérologue Dr Abdoul Aziz Kassé, soulignent qu’il n’existe aucune étude scientifique validée qui prouve cette affirmation. Le Dr Kassé explique que le cancer du sein est une maladie complexe, souvent métastatique, et qu’il est crucial de s’appuyer sur des études contrôlées pour évaluer l’efficacité de traitements potentiels. Bien que certaines recherches aient montré des effets bénéfiques du gombo sur la santé, notamment en réduisant le taux de cholestérol et de glucose, aucune ne confirme son efficacité contre le cancer du sein.
8 « le port du soutien-gorge favorise l’apparition du cancer du sein chez la femme ».
Non, il n’existe pas de lien établi entre le port du soutien-gorge et le cancer du sein
L’article publié par l’AFP Factuel en 2021 aborde une affirmation selon laquelle le port de soutiens-gorge, en particulier ceux à armatures, favoriserait le cancer du sein. Partagée massivement sur les réseaux sociaux, cette idée est réfutée par des spécialistes et des instituts de cancérologie. Aucun lien scientifique n’a été établi entre le port de soutiens-gorge et le cancer du sein, et des études récentes confirment l’absence de corrélation. Le professeur Jean-Marie Dangou, coordonnateur du programme de gestion des maladies non transmissibles à l’OMS Afrique, et Pierre Bey, professeur émérite de cancérologie, insistent sur le fait que des hypothèses antérieures n’ont jamais été validées. Les véritables facteurs de risque incluent l’âge, les antécédents médicaux et le mode de vie.
9 « le vaccin contre le Covid-19 pouvait favoriser le cancer du sein ».
Non, les vaccins contre le Covid-19 ne favorisent pas le cancer du sein
L’article de l’AFP Factuel clarifie les idées reçues autour d’un prétendu lien entre le vaccin contre le Covid-19 et le cancer du sein. Des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux, suggérant que le vaccin pourrait favoriser le cancer du sein. C’est faux. Un autre article de l’AFP Factuel aborde les fausses affirmations selon lesquelles les vaccins contre le Covid-19 provoqueraient une “explosion” de cancers du sein chez les jeunes femmes. Ces affirmations sont infondées. Des experts soulignent qu’il n’existe aucune preuve scientifique soutenant cette idée.
Il y a plusieurs autres fausses informations et idées reçues sur le vaccin que vous pouvez retrouver ici.
Que faire pour prévenir le cancer du sein ? Conseils d’un oncologue
Dans un article publié en février 2024, Yoheda solutions présente des conseils du Dr Elame Franck, oncologue, pour prévenir le cancer du sein, une maladie de plus en plus fréquente. Voici un résumé des recommandations :
Facteurs de risque modifiables
Éviter les vêtements serrés : Le port de soutiens-gorges trop ajustés est à éviter.
Maintenir un poids santé : La surcharge pondérale augmente les risques.
Alimentation équilibrée : Limiter les graisses et les aliments transformés.
Éviter l’alcool et le tabac : Ces substances sont des facteurs de risque connus.
Activité physique : pratiquer régulièrement une activité physique pour maintenir un mode de vie sain.
Facteurs de risque non modifiables
Antécédents familiaux : Les mutations des gènes BRCA et des antécédents familiaux de cancers (sein, ovaire, prostate) nécessitent une vigilance accrue.
Facteurs hormonaux : La puberté précoce, la ménopause tardive, et des choix de maternité peuvent influencer le risque.
Auto-examen des seins
Examens réguliers : Les femmes doivent apprendre à examiner leurs seins pour détecter des anomalies. L’auto-examen doit se faire en dehors de la période menstruelle pour éviter des douleurs hormonales.
Sensibilisation des partenaires : Les hommes peuvent aider en observant et en palpant les seins de leur partenaire pour repérer d’éventuelles anomalies.
Consultations régulières
Visites gynécologiques : Les femmes à partir de 40 ans, et celles présentant des facteurs de risque, doivent consulter régulièrement un gynécologue. Ne pas attendre les campagnes de dépistage pour faire des examens.
En conclusion, le Dr Elame souligne l’importance de la prévention par des choix de vie sains, l’auto-surveillance, et des consultations médicales régulières. Ces conseils visent à réduire le risque et à favoriser un dépistage précoce du cancer du sein.
Chancelin WABO