Au cours de l’émission Cameroun Dayligh sur Ctrvweb, une sexologue laisse croire que faire l’amour 3 à 4 fois par semaine évite le cancer de la prostate. Après vérifications, certains résultats de recherche remettent en cause l’effet protecteur de l’activité sexuelle contre le cancer de la prostate. D’autres résultats, par contre, montrent que les rapports sexuels fréquents réduisent le risque de cancer de la prostate.
Invité de l’émission Cameroun Dayligh de CRTV News, le 10 août 2024, Lydie Pirron Lechartier, sexologue, encourage une vie sexuelle active (au moins 3 à 4 fois par semaine) en suggérant qu’elle pourrait contribuer à réduire le risque de cancer de la prostate, tout en rappelant que les femmes aussi ont une prostate. « La fréquence hebdomadaire qui est conseillée est de 13 fois par mois. On peut dire trois à quatre fois par semaine qu’il faut faire l’amour pour éviter le cancer de la prostate. Nous faisons la remarque ici aussi que même les femmes ont la prostate. Donc pour éviter tout cancer de la prostate, il est important de faire l’amour au moins 3 à 4 fois par semaine », déclare-t-elle. La capture vidéo de sa déclaration qui dure 2 minutes 26 secondes, a été transférée de nombreuses fois dans les groupes WhatsApp. La capture vidéo a également circulé sur Facebook. Serge Tamba, animateur l’a partagée sur son compte Facebook le vendredi 13 septembre 2024. Son post a enregistré 95 réactions, 33 commentaires et a été partagé 6100 fois. Même sur X (anciennement Twitter), la courte vidéo a circulé. Njiki Fandono, journaliste, directeur de la publication du journal L’URGENCE a publié la vidéo qui a été vu 44 fois. Un compte baptisé, “le mougou” a aussi publié la vidéo qui comptabilise 12 commentaires, 99 partages et 152 likes.
Vérification
Est-ce que faire l’amour 3 à 4 fois par semaine évite le cancer de la prostate ?
Selon le site Prostate.fr, la prostate est une glande qui fait partie de l’appareil reproducteur masculin. Elle est située sous la vessie, en avant du rectum. Elle entoure le canal de l’urètre qui conduit l’urine de la vessie vers l’extérieur. Le même site nous renseigne que la prostate peut être le siège de trois affections principales : le cancer, l’adénome ou l’hypertrophie bénigne de la prostate et la prostatite : infection aigüe ou chronique de la prostate. L’Institut National du Cancer en France définit le cancer de la prostate comme « une maladie qui se développe à partir de cellules de la prostate initialement normales qui se transforment et se multiplient de façon anarchique, jusqu’à former une masse appelée tumeur maligne ».
Nous avons effectué une recherche par mots-clés sur Google. Des études récentes ont examiné le lien entre la fréquence des éjaculations et le risque de cancer de la prostate. Selon une méta-analyse faite en 2018 par Zhongyu Jian MD, Donghui Ye MD, Yuntian Chen MD, Hong Li MD, Kunjie Wang MD, de nationalité chinoise, il a été observé que les hommes qui éjaculent entre 2 et 4 fois par semaine pourraient avoir un risque réduit de développer ce type de cancer. En revanche, une activité sexuelle excessive, au-delà de 4 éjaculations par semaine, ne semble pas apporter d’avantages supplémentaires en termes de protection contre le cancer de la prostate.Une autre étude faite par Jennifer R. Ridera, Kathryn M. Wilsona, Jennifer A. Sinnotta, Rachel S. Kellyc, Lorelei A. Muccia et Edward L. Giovannucci a également indiqué que l’abstinence sexuelle pourrait augmenter le risque de cancer prostatique, suggérant qu’une vie sexuelle active est bénéfique. Nous avons contacté via WhatsApp, le Dr Guillaume Gayma, chirurgien-urologue qui précise que la recherche sur le lien entre les rapports sexuels et le cancer n’est pas claire et suscite des opinions divergentes parmi les scientifiques et les chercheurs. « Concernant le lien entre rapports sexuels et cancer, les études sont controversées et il y a pas de consensus à ce jour », déclare-t-il. Autrement dit, la complexité des interactions entre sexualité et santé, ainsi que la variabilité des résultats des études, rendent le sujet délicat et nécessitent davantage de recherches pour parvenir à un consensus.
Joint via Messenger, le Dr Cissé, urologue, indique qu’il n’existe qu’une seule étude réalisée aux États-Unis sur le sujet en question, et que cette étude n’a pas encore fourni de preuves scientifiques solides ou concluantes. « Il n’y a qu’une seule étude menée aux USA à ce jour. Donc scientifiquement nous ne l’avons pas prouvé pour le moment », explique-t-il.
Est-ce que les femmes ont une prostate ?
Nous avons fait une recherche par mots-clés sur Google. L’analyse des résultats montre que les femmes n’ont pas de prostate au sens traditionnel du terme, mais elles possèdent des structures anatomiques qui peuvent être considérées comme équivalentes à la prostate masculine. Ces structures sont appelées les glandes de Skène, situées autour de l’urètre. Elles produisent un liquide qui peut être expulsé lors de l’orgasme, similaire à la fonction de la prostate chez les hommes, qui sécrète une partie du liquide séminal.
Le Dr Guillaume Gayma, chirurgien urologue joint via WhatsApp confirme que la prostate est un organe exclusivement masculin : « La prostate est un organe uniquement retrouvé chez l’homme et qui contribue à la formation du sperme. Il joue également un rôle dans la miction ».
Joint via Messenger, le Dr Cissé, urologue, affirme que la prostate est une glande essentielle au système reproducteur masculin, et il est incorrect de penser que la femme en possède : « La prostate déjà c’est un organe et non une maladie. Elle n’existe que chez l’homme. Dire que la femme a une prostate, c’est comme dire l’homme a un utérus… »
En conclusion, il faut retenir qu’il n’y a pas de certitudes que faire l’amour 3 à 4 fois par semaine évite le cancer de la prostate. Certaines études indiquent que cela pourrait être bénéfique pour réduire le risque de cancer de la prostate, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre cette relation et les facteurs confondants potentiels. La phrase “même les femmes ont la prostate” est incorrecte. En réalité, les femmes n’ont pas de prostate, car la prostate est un organe exclusivement masculin. Les femmes ont des organes appelés glandes de Skene, qui sont parfois comparés à la prostate, mais ne jouent pas le même rôle et ne sont pas associés au cancer de la prostate.
Chancelin WABO