Dans un retweet sur le réseau social X (ex Twitter), le 28 novembre 2023, Florence Thune, directrice générale de Sidaction, une association de lutte contre le VIH/sida, créée en 1994 affirme qu’il y’a « 10000 morts du sida au Cameroun en 2021, 50000 au Nigeria, 85000 en Afrique du Sud. » Après vérification, ces chiffres sont faux.
Contexte
Le 27 novembre 2023, Florence Thune, retweetant un post de Médecins du Monde dans le cadre du plaidoyer sur la santé des personnes étrangères séropositives , communique des chiffres sur le nombre de morts liés au VIH SIDA en Afrique, notamment au Cameroun, Nigéria et Afrique du Sud. Le texte est le suivant: « 10 000 morts du sida au Cameroun en 2021, 50 000 au Nigeria, 85 000 en Afrique du Sud. Mr le Rapporteur général @FlBoudie, ces personnes sont mortes dans des pays où les traitements sont pourtant « disponibles ». Les mots ont un sens et un impact sur la vie de milliers de personnes. » Au 15 décembre 2023, cette publication a obtenu 43 retweets, 73 likes et 15 900 vues, suscitant ainsi de l’ intérêt dans un contexte où la commission des lois de l’Assemblée nationale a restreint le droit au séjour pour raison médicale. Et alors que plusieurs ONG exerçant en santé montent au créneau contre cette loi immigration notamment Médecins du Monde et Sidaction.
Explications
Chaque année, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) fournit des estimations modélisées révisées au niveau mondial, régional et national en utilisant les meilleures données épidémiologiques et programmatiques disponibles pour suivre l’évolution de l’épidémie de VIH. Dans leur rapport UNAIDS DATA 2022, il ressort clairement qu’il y’a eu en 2021, 13 000 décès liés au VIH SIDA au Cameroun, 51 000 au Nigéria et 51 000 en Afrique du Sud. Et non pas 10 000 morts du sida au Cameroun en 2021, 50 000 au Nigeria, 85000 en Afrique du Sud. Soit une différence de 23 %, 2 % et 66 % respectivement avec les chiffres avancés par madame Florence Thune.
Contactée par Factoscope, le 13 décembre 2023, la directrice générale de Sidaction s’explique : «Ces données sont toujours compliquées à identifier car elles ne sont pas centralisées. Je me réfère souvent au site de l’ONUSIDA ou au NIH aux USA, mais fais parfois des recherches sur d’autres sites, notamment sur des articles de journaux, car les données ne sont pas toujours disponibles.»
Elle poursuit en relevant l’importance de la prise de conscience des politiques concernant la situation des malades : « Mais cela se mesure toujours hélas en dizaines de milliers de morts qui montrentque toutes les personnes vivant avec le VIH n’ont malheureusement pas toujours accès aux traitements même lorsqu’ils sont officiellement disponibles, et c’est ce que nous essayons de démontrer (avec difficulté) au Ministre de l’intérieur… »
Verdict
Les sources utilisées par Florence Thune sont donc des sources secondaires qui n’ont pas toujours les données exactes. Alors que les sources fiables en matière de données en santé restent l’Organisation des Nations Unies, l’Organisation Mondiale de la Santé au niveau international. Au niveau national, les données sont fournies par les ministères responsables de la santé publique. En conclusion, les chiffres fournis par madame Florence Thune sur le nombre de décès liés au VIH SIDA au Cameroun, Nigéria et Afrique du Sud sont donc faux.
Hemes NKWA.